Prospections du 23 Juin
Par 2aec2a | Le 15/07/2020 | Commentaires (0) | juillet 2020
L’association 2AEC2A organise depuis 2019 une fouille dans le sud de la France au Mas des Tourelles. Ce site, étudié par Fabrice Bigot et Quentin Desbonnets, se situe à 4 km au sud-ouest de l’agglomération de Beaucaire à la limite du lit majeur du Rhône. Au cours de la seconde moitié du Ier s., un atelier de potiers est installé sur ce site qui est occupé dès Ier s. av. J.-C. d’après le mobilier mis au jour en prospection. Cette officine est en activité au moins jusqu’à la seconde moitié du IIe s, mais l’occupation des bâtiments artisanaux au IIIe s. pourrait indiquer une poursuite de la production jusqu’à cette période. Les fouilles des structures permettent par ailleurs de restituer son organisation interne ; l’espace est ainsi divisé en plusieurs pôles destinés à la fabrication, à la cuisson, au stockage des productions ou au rejet des rebuts, mais il comprend également des secteurs accueillants l’habitat des artisans et peut-être également des activités agricoles. L’atelier du Mas des Tourelles revêt une importance majeure pour la connaissance de l’artisanat dans la basse vallée du Rhône à l’époque romaine, car il constitue la seule officine d’amphores de cette région dont la majeure partie des structures a été mise au jour.
La fouille de 2019 a mis en évidence plusieurs aménagements de potiers (fosses de stockage d’argile, fours) et des bâtiments qui pourraient correspondre à des espaces de tournage et de stockage. Les hypothèses émises doivent toutefois être confirmées ou infirmées par la poursuite des opérations. Ainsi, la fouille de l’intégralité de la stratigraphie conservée dans les espaces permettra de mettre en évidence certaines structures caractéristiques telles que des tours de potier. De plus, l’élargissement de la zone investiguée vers l’ouest, à l’emplacement de la grande décharge dans laquelle de premiers sondages ont été réalisés en 2019, permettra sans doute de dégager d’autres fosses de stockage de l’argile. Or, celles-ci sont comblées par un abondant mobilier qui donne des datations précises de leur comblement. Ces chronologies permettront de définir durant quelle phase de l’atelier ces fosses de stockage ont été utilisées et aborder ainsi une réflexion sur les volumes d’argile utilisés pour fabriquer les céramiques et terres cuites architecturales.
C’est pourquoi, pour l’année 2020, une nouvelle fouille est organisée. Cette campagne se déroulera du 3 au 21 août. Cependant, le travail de l’archéologue ne se limite pas à ce qui se passe durant une fouille. Le travail qui est effectué sur le chantier représente finalement moins de 50 % de tout le travail que l’archéologue doit fournir pour comprendre son site et restituer une partie de son histoire. Nous vous présentons donc dans cet article une partie du travail préliminaire que doit faire l’archéologue avant la fouille en elle-même.
En effet, Un archéologue fouille toujours dans une propriété publique ou privée. Dans le cadre de fouilles programmées, son opération s’inscrit dans le cadre de ses recherches. Il doit néanmoins obtenir une autorisation de l’État (service régional de l’archéologie) avant de débuter les fouilles. Pour cela, il lui est indispensable d’obtenir l’accord écrit du propriétaire de la parcelle sur laquelle il compte intervenir. L’archéologue se doit donc préalablement d’expliquer ce qu’il a l’intention de faire au propriétaire qui est libre d’accepter ou de refuser.
Le site du Mas des Tourelles a la chance de se trouver en plein cœur du domaine viticole de la famille Durand qui a à cœur de préserver d’une part l’histoire de ce site exceptionnel, mais également de présenter au public l’histoire de la viticulture antique à travers la restitution à taille réel d’un pressoir et d’un fouloir romain et la démonstration de leur fonctionnement une fois par an lors des « vendages romaines » (plus d’informations sur http://tourellescom/). Leur souhait est par ailleurs de montrer au public les vestiges de l’atelier d’amphores des Tourelles. Ils apportent de ce fait un solide soutien aux fouilles entreprises sur le site.
Le tenue de la fouille exige par ailleurs une organisation minutieuse. Des réunions sont donc entreprises entre les archéologues et l’équipe du Mas Tourelles pour présenter les objectifs de la nouvelle campagne. Ces entrevues permettent de mettre en place les outils nécessaires à la fouille, ainsi que les visites et ateliers qui se dérouleront durant l’année. En 2020, la fouille a été précédée de prospections géophysiques. Ces investigations non destructives pour les cultures vise à identifier l’existence de structures archéologiques conservées dans le sol et préciser leur nature (fours, bassins, dépotoirs, murs etc.). Elles constituent donc un outil très précieux pour déterminer quelle zone pourront être fouillées à l’avenir afin d’appréhender l’intégralité du site. Ces prospections ont eu lieu le 23 juin 2020. Cette date a également été choisie pour la dernière réunion de préparation du chantier du mois d’août.
La journée du 23 juin 2020 avait justement pour but de mener des prospections magnétiques et électriques. Ces prospections devaient montrer jusqu’où se prolongeait la canalisation qui se développait depuis la « rue » du quartier orientale de l’atelier. L’hypothèse des archéologues étaient qu’elle pouvait approvisionner des bassins de décantation de l’argile. Ces structures de production n’ont en effet pas été mise au jour sur le site, alors qu’elles sont indispensables au fonctionnement d’un atelier de potiers.
Toute cette journée a été filmée et sera prochainement postée sur notre chaîne Youtube : 2AEC2A archéologie (https://www.youtube.com/channel/UCDU_rGgke4brRHJBs7kMeTg). Cette vidéo montre le déroulement d’une journée d’un archéologue, mais aussi, toutes les étapes d’une prospection magnétique et d’une prospection électrique.
En juillet, de nouvelles prospections terrestres cette fois seront menées ainsi, que le décapage mécanique d’un secteur qui sera étudié pour la première fois. Cela nous permettra de préciser les hypothèses formulées en 2019.
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